Looking for Carlotta
Danse
Cette conférence dansée se pense comme un dialogue hybride et virtuel avec la danseuse de butô, Carlotta Ikeda, directrice artistique de la compagnie Ariadone de 1974 à 2014. Carlotta Ikeda arrive en France pour la première fois en 1977 avec Yoshioka Yumiko et Murobushi Kô pour danser dans des cabarets. Cette tentative fut un échec mais les trois danseur-ses rencontreront un fort succès avec la pièce Le dernier Eden, Porte de l’au-delà en 1978. Après des allers et retours entre la France et le Japon, Carlotta Ikeda va s’installer en France de façon pérenne, jusqu’à son décès, en septembre 2014. C’est en 2014 que commence ma recherche, je ne la rencontrerai qu’en vidéo, et au travers d’écrits et de récits.
Chorégraphe femme dans un monde du butô fortement marqué par des figures d’hommes, la danse de Carlotta Ikeda a souvent nommée comme étant « une version féminine du butô.» Les critiques journalistiques reprendront le leitmotiv de l’érotisme et de l’exotisme pour parler des propositions de la compagnie Ariadone. Cependant, ma recherche de doctorat et les heures passées dans les archives vidéos me conduisent à penser que la danse d’Ikeda dépasse ces stéréotypes de genre. En effet, par son travail sur la métamorphose, Carlotta Ikeda donne à voir et à percevoir une multitude de figures. Végétale, minérale, animale, du nourrisson à la vieille femme, du monstre à la déesse, Carlotta Ikeda est une prêtresse de la métamorphose, rendant sa danse informe, car insaisissable et toujours en mouvement, en mutation, en transformation. La puissance de sa danse mutante rend la catégorie « féminin » inopérante car trop faible, trop réductrice et occultant la pluralité des figures traversées et convoquées par la danseuse.
Cela fait désormais 7 ans que je mène une recherche sur, avec, autour Carlotta Ikeda. Sans jamais l’avoir rencontrée, je vis avec elle, je la regarde danser, je me plonge dans ses gestes, dans sa corporéité. Carlotta Ikeda me met en recherche, en mouvement et cette conférence dansée cherche à rendre compte de ce dialogue intime entre sa danse et moi-même. Alternant des moments dansés, des projections vidéos et des temps plus théoriques, cette conférence dansée est une quête fictive vers la danse de Carlotta Ikeda.
Carlotta Ikeda a toujours été perçue en comparaison au butô des hommes et sa danse a peu été regardée d’un point de vue esthétique et kinesthésique. Je souhaite au travers cette conférence dansée déployer toute la puissance poétique de sa danse et de permettre au public de découvrir cette artiste chorégraphique qui est toujours restée à la marge du champ chorégraphique de la danse française.
Entre théorie et pratique :
Je suis inscrite en thèse de doctorat au département danse de l’université de Paris 8 depuis 2018 sous la direction d’Isabelle Launay et de Sylviane Pagès. Intitulée Carlotta Ikeda : Poétique des métamorphoses pour une déconstruction des catégories de genre. Entre la France et le Japon, retour sur une généalogie butô minorée, ma recherche vient d’une part inscrire Carlotta Ikeda dans une généalogie butô construite autour du cabaret et, d’autre part, interroge le rapport d’Ikeda à la notion de féminin. Dans une perspective transculturelle cette recherche s’attache à repenser les catégories dominantes pour en proposer de nouvelles. Il s’agit ici de mettre au travail les notions de figure, d’informe, de monstruosité et de métamorphose.
La conférence dansée Looking for Carlotta se pense comme un volet indépendant à ma recherche de thèse mais lui est intimement tributaire. C’est en effet les archives et les informations collectées qui me permettent de penser ce format hybride, entre pratique et théorie.
D’un point de vue chorégraphique, j’interroge ce que la danse d’Ikeda fait à ma propre danse. Je me demande où ses gestes, analysés, décortiqués, appréciés, se sont déposés dans mon corps. Comment, peut-être, un peu de sa danse germe désormais dans la mienne. Il ne s’agit en aucun cas de copier, de mimer, de reproduire, de falsifier mais de sentir, de saisir les images, les sensations, les fils que ma danse tisse aujourd’hui avec sa danse. Des images me restent, des états de corps, des flux d’énergies, des tensions et des relâchements, des impressions, des empreintes. Je la regarde, je ferme les yeux et je me laisse traverser.
Chorégraphe et danseuse
Maeva LAMOLIERE
Dramaturgie et régie
Arthur ARBEZ
Création musicale
Félix GAROTTE
Production
collectif TRANX
Mentions et partenariats
En 2019 cette proposition a reçu le soutien de Marcelo Evelin, de Tamara Cùbas et du festival NIDO (Uruguay). L’école doctorale de Paris 8 a financé la mobilité de ce projet en Uruguay.
Le conservatoire de Gennevilliers.
Le Pont Supérieur, Nantes.
Le Kontainer – compagnie Androphyne, Angresse.
Le Regard du Cygne, Paris.
Honolulu, Nantes.
Médiathèque du CND (Pantin), fonds d’archives de Carlotta Ikeda et Laurent Rieuf (ayant droits de Carlotta Ikeda).
45min
Janvier 2025
Maison de la culture du Japon - Paris
Le 16 novembre 2022
Péniche METAXU, Pantin
Le 20 juin 2022
Festival Butô, Bertin Poirée, Paris
Le 3 février 2022
Le Grand R, scène national de La Roche sur Yon
Le 3 novembre 2021
Première, Le Regard du Cygne, Paris
© 2024 Tous droits réservés.
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